Je ne pars pas pour fuir mais pour découvrir, m'enrichir et vous offrir ce que j'ai vu....


Iles Fifji

05/05/2013 12:52

Je suis dans l'avion pour partir à la découverte de la république des Fidji.

C’est un pays composé de 322 îles dont environ un tiers est habité par 850 000 Fidjiens. Suva est la capitale. À la suite d'un coup d'état en 2006, le pays est devenu une dictature. La plupart des îles sont montagneuses et recouvertes de forêts. Elles ne ressemblent en rien aux atolls et aux lagons polynésiens.

La première image qui me marque ce sont ces Fidjiens qui portent des paréos noirs comme une jupe longue. Je m'attendais à des guerriers rugbyman, j'ai le droit à des mecs en jupe. En revanche les dimensions ne sont pas les mêmes. Du haut de mon mètre quatre vingt et 80 kilos je fais un bien pâle ailier coupeur de citron pour ces doubles mètres proches des cents kilos. Ils ont la peau noire mais plus claire que les kanaks calédoniens, une nez proéminent et une musculature débordante.

Sur le trajet qui me mène à mon auberge de jeunesse il y a des photos de rugbyman à tous les coins de rues. Sportifs symbole d'une réussite sociale, le rugby semble être plus qu'un simple sport... La première question du gestionnaire de l'auberge est de savoir si je connais les joueurs Fidjiens qui jouent dans le top 14. Des îles, des jupes, une dictature, un ballon ovale, le décor est posé...

Dès le lendemain matin je prends le bateau pour les îles Yasawa. Je passerai deux nuits dans 3 hôtels différents.

Après 5 heures de bateau j'arrive au coral view, sur l'une des dernières îles de l'archipel. Une fois arrivé dans le dortoir je me rends compte que j'ai oublié mon téléphone sur le bateau... Un petit stress m'envahit mais finalement le lendemain le bateau de ravitaillement me le ramènera. La chance est avec moi...

Nous partons dans la matinée pour les grottes d'eau douce du nord de l'archipel. Le petit zodiaque qui nous emmène tombe en panne au milieu de nulle part, nous sortons les rames mais heureusement après 15 minutes un autre bateau passe et nous ravitaille en carburant. Le capitaine ne cesse de répéter, ne vous inquiétez pas, le temps fidjien est lent.

Arrivés aux grottes nous commençons à descendre dans le noir. Il faut se baisser pour éviter les roches coupantes au-dessus de nos têtes. L'air frais qui sort de celle-ci est rafraichissant. Il ressemble à ces bouffées d'air montagnardes. Après quelques minutes tout est noir, il faut avancer doucement pour éviter de se blesser. Une lueur apparaît un peu plus loin et l'eau commence à monter au milieu des mollets. Nous arrivons alors dans une grotte illuminée par une ouverture à une vingtaine de mètres au-dessus de l'eau.
L'eau est noire et il est impossible de voir le fond. Il faut se jeter à l’eau. Celle-ci est douce, nos voix résonnent. Le lieu est envoûtant et je reste là, à tenter de saisir les détails de cette cavité. Pour les plus courageux, il y a une seconde grotte que l'on peut atteindre seulement en apnée. Ce qui n'est pas rassurant c'est que la sécurité chez les Fidjiens est un mot un peu abstrait. Le guide va plonger là-bas avec sa lampe de poche. Une fois sortie il éclairera la seconde grotte. Il nous faudra ensuite plonger dans le noir à environ 3 mètres pour remonter vers la lumière qu'il allumera. Tout le monde se regarde et pose la question suivante "Qui y va ?". Silence, puis un américain parle comme dans Terminator en disant : “Je vais le faire”. Une réponse du style "Moi j'y vais" aurait suffi mais son sens du spectacle ne put l'empêcher de s'exprimer ainsi. Il y va et je jette un coup d'œil pour voir à quelle profondeur sont les 3 mètres fidjien. Nous entendons alors le guide dire "Non !" et immédiatement la lumière que l'on pouvait voir sous l'eau disparaît. Nous apprendrons par la suite que l'américain coincé attrapa le pied du guide qui tenait la lampe. Il l'entraîna ainsi sous l'eau avec la lampe torche. Celle-ci s'arrêta immédiatement. Le guide et l'américain discutèrent quelques instants. Le guide me dit d'y aller et de saisir un de leur pied pour savoir où remonter puisque la lumière ne marchait plus. Je fis rapidement les techniques de respiration apprises à Kho Tao pour être sur d'avoir au moins 1 minutes 30 sous l'eau.
Je plonge vers les 3 mètres et j'essaie de regarder si je vois quelque chose derrière. Il faut attendre quelques instants que mes yeux s'habituent et effectivement des pieds apparaissent. J'en saisi un pour remonter doucement vers la surface. On y voit rien. C'est très perturbant d'être dans le noir complet. L'eau n'étant pas salée il faut nager sans arrêt pour rester à la surface. J'envoie les mains sur les parois aux alentours mais la mousse visqueuse qui les recouvrent n'est pas des plus attractives. Nous sommes 4 dans la grotte et le guide nous accompagne vers la partie illuminée de celle-ci. Nous nageons en nous tenant la main, comme à l'école.
Peu à peu la lumière revient, nous sommes presque éblouit. Le froid et la nage permanente ne nous permettent pas de rester plus longtemps. Nous retournons dans la première grotte où la lumière est bien présente. Encore une fois au delà de la découverte les sensations resteront inoubliables. La peur, le froid, le noir...

En rentrant, je découvre que les jeunes de l'île jouent chaque soir au rugby, pieds nus sur un terrain difficile. Je me retrouve dans une équipe et c'est parti. On a l'impression qu'ils n'ont rien a perdre. Il faut voir l'engagement qu'ils mettent dans chaque ballon, sans oublier la chaleur étouffante difficile à supporter. Un bon moment de détente !!! En revanche j'ai voulu faire comme les Fidjiens, jouer pieds nus, mauvaise idée...

Deux jours plus tard j'arrive au Korovou. Cette île a subi beaucoup de dégât lors du dernier cyclone et la pension ne s'en est pas vraiment remise. Il y a l'électricité une heure par jour pour filtrer l'eau et faire la cuisine. Il faut se laver dans de grandes bassines remplies d'eau de pluie. Une expérience sympa que j'ai partagée avec un couple d'Anglais Dan et Nathalie partis faire le tour du monde. Et Ryan un jeune anglais peintre parti lui aussi à la découverte. Tant d'histoires fascinantes par leur légèreté.

Sans électricité il faut savoir se débrouiller. Nous partons à la pêche avec Samy, un jeune du village. Après deux heures passées dans l'eau nous ramenons une vingtaine de poissons. Il faut vraiment être un pied pour ne pas réussir à tirer des poissons dans les eaux fidjiennes. À notre retour nous allons cuisiner un Kokonda, un plat traditionnel réservé pour les grandes occasions. Le chef de l'île est aussi le cuisinier. Passionné par la cuisine, il partage volontiers tous ses secrets. Selon lui nous devons rien jeter, tout doit être utilisé. C'est ainsi que je découvre la richesse des noix de coco. Tissu, savon, shampoing, cuisine, terreau, anti moustique, réparation de bateau, éponge... Tout peut être utilisé. Une réflexion intéressante pour nous occidentaux débordants d'emballages, de shampoings et autre.

Concernant le Kokonda... Prendre un poisson comme une carangue, un bec de canne, un bar. Découper en petit dès sa chair encore fraîche. Laisser mariner dans du citron vert pendant 5 minutes pour que celle-ci blanchisse. Vider le jus de citron, incorporer le jus de coco, ajouter des poivrons, une tomate cerise. Enfin découper finement une algue appelée samba. Elle a un goût de menthe, elle est verte et les raies pastenagues en raffolent. Ajouter le citron et il ne reste plus qu'à servir. Ils ont servi ce plat au premier ministre lorsqu'il s’est rendu sur l'île. Le soir nous savourons notre plat en faisant une course de Bernard l'hermite. Il faut voir la taille des Bernard l'hermite aux Fidji. Certains qu'ils appellent god mother font la taille de votre point. Chacun a numéroté sa monture. Nous les plaçons ensuite sous un couvercle et dessinons un grand cercle. Le premier à franchir la ligne a gagné. Après une journée comme celle-la, la vie vous semble simple. Pêcher, cuisiner, manger... Une vie tranquille.

J'arrive sur la dernière île de mon périple. Cette île est une des plus connues car des raies manta viennent se reproduire ici chaque année. Je passe une journée à découvrir les fonds aux alentours. Le lieu est magique pour les amoureux des fonds marins. Le lendemain c'est mon anniversaire je décide donc de m'offrir un cadeau, un beau cadeau, une plongée avec les requins et une dans les grottes qui bordent la barrière de corail. Le moniteur doit tout juste avoir 20 ans et la sécurité n’est pas son truc. Comme il s’agit de ma première plongée bouteille avec des requins je ne suis pas très serein.

Il se prépare, pas de briefing et hop à l'eau. Nous descendons rapidement car il y a du courant. Soudain avant même d'être arrivés sur le plateau à 20 mètres, trois requins blanc du récifs apparaissent dont un gigantesque. Selon le moniteur environ 3 mètres 50. Je vous laisse imaginer la bestiole. J'avais essayé de lire sur internet des articles sur les requins, les différentes espèces, les dangers et ces requins ne sont pas les plus cool qui existent. Sans oublier qu'ils leur donnent à manger pour qu'ils restent autour du site de plongé. Le moniteur a un bâton pour les repousser au cas ou. On sent que les requins sont curieux. Ils s'approchent en formant des cercles. Le plus gros claque des dents face au moniteur qui brandit son bâton, celui-ci change alors immédiatement sa route. Peu à peu je découvre leurs yeux perçants, leur peau, leur taille. Ces géants des mers sont fascinants. Les observer dans leur habitat les rend encore plus mystérieux. Je pourrais rester là des heures. Le grand requin s'approche puis accélère rapidement. Une nouvelle fois, puis encore une fois. Et en l'espace de quelques secondes ils partent tous vers le large. Le spectacle est terminé...

La seconde plongée se trouve sur un tombant d'une centaine de mètres. À seulement 15 mètres nous pénétrons dans une grotte et débutons un voyage dans un labyrinthe ou la lumière se fait rare. Les parois à peine éclairées donnent une dimension fantastique aux paysages. La grandeur de ces grottes s'impose à vous et les émotions naissent. Je relève parfois lentement la tête vers la source de lumière, il y a quelque chose de magique dans ce lieu. La liberté que nous offre la plongée me permet de pouvoir m'émerveiller face à la beauté du royaume des îles Fidji. J'écarte alors les bras comme si je pouvais voler. Je tourne dans tous les sens comme pour tester cette liberté en trois dimensions. Libre dans un milieu surnaturel...

Le dernier soir comme si la nature n'avait pas été assez généreuse le couché de soleil caresse mes yeux pour ne laisser que l'émotion d'avoir eu une journée d'anniversaire loin de vous, mais inoubliable...

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