Je ne pars pas pour fuir mais pour découvrir, m'enrichir et vous offrir ce que j'ai vu....


Malacca et Singapour

12/02/2013 00:00

La vie est ainsi faite, il faut partir. Je quitte Penang... J'ai eu le sentiment de revoir ma ville natale, Marseille. Autant aimée que détestée. Elle semble depuis des siècles, être un lieu où tension et passion ne font qu'un. Je vois à nouveau mes amis parisiens me poser la question : c'est la guerre chez toi ? La vérité, c'est que depuis toujours c'est la guerre à Marseille. Les forts à l'entrée du vieux port sont le miroir de cette histoire, ce passé qui ne nous a jamais quitté.

J'ai aimé cette ville, cette île, car on la sent bouillir à travers sa nourriture, sa culture, son histoire, et parfois, elle déborde comme Marseille... J'ai retenu un proverbe qui, semble-t-il viendrait de Penang. C'est un Français, économiste pour l'Union Européenne qui me l'a glissé lors d'une rencontre fortuite devant des étales à perte de vue : « Une personne qui aime manger ne peut pas être fondamentalement mauvaise ». L'incorrigible hédoniste que je suis, prêt à tout pour une goinfrade, était chez lui à Penang.

Ancien carrefour des routes maritimes reliant l'Océan Indien à la Mer de Chine, le port conserve un caractère encore plus multiculturel que Penang. Fréquentée par des marchands et des explorateurs chinois dès le 14ième siècle, érigée en sultanat par des princes indonésiens, Malacca a vu débarquer Indiens et Arabes, avant d'être successivement conquise par les Portugais, Hollandais et les Anglais. Entre le 16ième et le 19ième, le port de Malacca était la plaque tournante de l'Orient et de la route des épices.

Mon auberge de jeunesse était dans le quartier de chinatown, aujourd'hui pimpant. C'est le quartier le plus charmant de la ville, avec ses façades élégantes auxquelles pendent des lanternes et des lampions lorsque la nuit tombe. J'ai beaucoup apprécié me balader sur le cours d'eau qui irrigue la ville. Les maisons anciennes qui embrassent les courbes capricieuses de l'eau sont presque toutes peintes avec des graffitis vraiment réussis. J'ai eu l'impression de me balader dans un musée à ciel ouvert.

Je me souviendrai longtemps de toutes ces rencontres uniques que j'ai faites à Malacca.

Isao, un japonais de 48 ans, cancérologue qui habite à Fukushima. Un gars passionnant, modeste et d'une politesse à faire pâlir le plus vulgaire des marseillais. Il s'inclinait pour nous dire bonjour et au revoir. Lorsqu'il m'interrogeait sur ce que je faisais, il poussait un "oooohhhh". C'était vraiment rigolo.

Il y avait aussi ces deux Coréens, qui ont appelé leur famille pour leur dire que j'étais leur premier ami français. Un vrai numéro ces deux-là.

Un avocat malais, qui me trouvait à son goût et qui voulait qu'on aille manger un soir. Le mariage gay n'étant pas encore légal en France, j'ai dû refuser...

Il y a eu également Allison, une américaine qui vit à San Diego et qui revenait de Thaïlande où elle avait travaillé dans une réserve pour éléphant. J'aimerais tant pouvoir la laisser vous parler de son pays. J'ai eu l'impression de découvrir à nouveau ce pays fascinant et si ambivalent que sont les États-Unis. Une jeune fille passionnante et pleine de vie.

J'ai découvert par hasard, perdu sur une étagère, un livre de Franz Olivier Gisbert, «  Monsieur le président : scènes de la vie politiques 2005 – 2011 ». J'ai dévoré ce livre en une nuit. Enfin je trouvais dans ces lignes ces mots qui m'avaient toujours fait défaut. Pendant toutes ces années, je n'avais jamais vraiment réussi à saisir le vent qui poussait cet homme.

Ce livre m'a aidé à comprendre. Et malheureusement ce cadavre gisant qu'est la politique aux yeux des Français n'en est que plus répugnant et révoltant. Indignez-vous ! Comme disait un certain Stéphane Hessel. J'arrête la car il faut aussi que je vous parle de Singapour quand même !

Singapour, la petite Suisse de l'Asie.

Singapour, il y a tant à dire sur cette île, état, ville. Comme d'habitude je prends soin de lire les recommandations et conseils sur les forums et autres guides qui m'accompagnent. Encore une fois la lecture se justifie pour cette cité un peu hors du temps. Un exemple, boire une bouteille d'eau dans le métro : $500 d'amende, $5000 si vous fumez. Sans oublier que la plupart des policiers sont en civil. Lorsque vous avez une amende, monsieur le policier déguisé s'approche de vous, prends rapidement une photo, puis vous donne un ticket. Et là, vous imaginez que c'est une place de ciné ou je ne sais quoi mais non, une petite amende bien juteuse. Un chewing-gum jeté dans la rue : $1500. Avis aux ruminants, vous n'êtes pas les bienvenues à Singapour.

Depuis l'indépendance en 1965, les anglais ayant été priés de partir, le pays s'est trouvé de nouvelles valeurs : sécurité, développement économique, propreté, matérialisme.

Sa devise pourrait être : labeur, famille, prospérité. De plus, le multiculturalisme et la tolérance religieuse sont à mettre au crédit du régime soucieux de cohésion sociale. Certains parlent de capitalisme sauvage lorsqu'on évoque Singapour. Je me suis retrouvé dans le quartier dit des "Golden boys". C'est une vraie fourmilière, tous les costumes sont de sortie, les talons claquent, les dents brillent, les montres scintillent et moi je suis là à admirer le spectacle.

Je sors ma GoPro et la voix de Robocop made in Singapour me murmure délicatement à l'oreille : Sais-tu lire mon frère ? C'était la sécurité de l'immeuble. Je répondis que j'étais désolé à ce monsieur qui d'un point de vue physique doit être un cousin éloigné de Teddy Riner mais sans le sourire. Vous noterez que l'humour de ces gens-là est international. De plus il me demande si je sais lire alors qu'il doit surement être analphabète et il finit avec la cerise sur le gâteau en m'appelant frère. Étant donné que je n’arrive pas plus haut que ses pectoraux proche du 130 F, il me semble difficile que nous soyons frères. Quels farceurs ces videurs...

Revenons à nos moutons, Singapour accueille autant la jetset que le milieu des affaires, même si elle cherche désormais à s'offrir un nouveau visage culturel grâce à de gros investissements. L'architecture est déconcertante, elle vous prend au détour d'un regard. Je me souviens avoir été saisi par l'immensité de la Sagrada Familia à Barcelone. J'ai ressenti la même chose dans la baie de Singapour. La Marina Bay Sands imaginée par l'architecte Moshe Safdie est une vraie ville dans la ville : un hôtel formé de trois tours de 55 étages et de plus de 2500 chambres, une galerie commerciale hyperluxueuse, 37 restaurants, un casino, une salle de convention de 2000 places et un Sky park à 200 mètres dans les airs. Le tout construit dans un temps record puisque 4 jours suffisaient à la construction d'un étage. L'immense hall s'étire sous une voûte de 23 étages.

Le Sky park, ce long navire de plus de 1 ha (plus long que la tour Eiffel), posé sur les trois tours, est si vaste qu'il peut accueillir 3 A380. Il est doté d'une piscine olympique de 150 mètres de long à débordement sur le vide absolu. La démesure dans toute sa décadence. 70 ouvriers sont morts pour construire cet édifice (source ONG). Et oui, malgré le strass et les paillettes, il y a encore des cadavres dans les placards.

Plus j'écris et plus je me dis, mais j'ai oublié ça et ça, et encore ça.

J'ai été accueilli à Singapour dans une maison magnifique grâce à Jojo. J'ai pris des photos de la maison qui semble tout droit sortie d'un magazine. Les propriétaires de la maison étant en vacances, seuls Lorena, leur domestique, Allie, une Canadienne de 25 ans prof de Yoga qui travaille dans une ONG locale, et leurs deux chiens étaient là.

Je décide de visiter les alentours en sortant les chiens. Et là, pendant que je me balade, je vois des gens me prendre en photo avec leur portable. La première chose qui me vient à l'idée c'est que j'ai fait un connerie et je vais devoir payer une amende. Je m'approche d'une femme qui m'avait pris en photo et je lui demande pourquoi elle me prend en photo. Elle me répond alors que c'est la première fois qu’elle voit un homme blanc sortir les chiens. Cette tâche étant réservée aux domestiques, j'étais devenu l'attraction locale.

J'ai visité le Zoo qui possède la plus grande réserve mondiale d'oiseaux. Un lieu fascinant, dépaysant, attractif, et instructif que j'ai beaucoup aimé. Une étape indispensable si vous passez à Singapour. J'ai aussi pris mon premier cours de Yoga dans cette gigantesque maison, j'étais le seul garçon avec 8 filles. Un moment funky...

Et voilà vous savez presque tout. Je garde quelques surprises pour mon retour.

Merci encore pour tous vos messages et à très bientôt.

Kisses from Australia

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